dimanche 27 mars 2011

pour vos introductions - Le Malentendu



A. Contexte historique d'écriture
  • Camus, en exil en France en 1942, 1943
    1942, période de l'Occupation, Camus est engagé dans la Résistance pour lutter contre l'Occupant nazi : Camus faisait à nouveau l'expérience de l'exil, aux alentours de Lyon, et il a même envisagé d'intituler la pièce « L'exil » :
    CF La Préface : « Le Malentendu a été écrite en 1943, au milieu d'un pays encerclé et occupé, loin de tout ce que j'aimais. Elle porte les couleurs de l'exil. »
    Le contexte d'écriture est marqué par cette profonde nostalgie de Camus pour les paysages méditerranéens et la joie d'être près de celle qu'il aime, sa femme, Francine.
  • Camus a fait un voyage en Bohème (Tchécoslovaquie) en 1936 : il en a peut-être rapporté l'histoire de la pièce , qui est aussi très connue dans de nombreux pays à travers le monde, depuis le Moyen Age (en France, chanson du Soldat tué par sa mère, en Bourgogne ; idem à Tours (fait divers qui se serait vraiment passé en 1796), légende également très répandue au Chili... Mais on peut surtout penser à un article portant sur un fait divers en janvier 1935, dans la presse algérienne.
  • La pièce qui appartient au « cycle de l'Absurde », avec les autres œuvres Le Mythe de Sisyphe, L'Étranger et Caligula. Mais cette pièce lance aussi al réflexion sur la notion de révolte qu'il commence à conceptualiser à cette époque. Les personnages incarnent donc des idées, mais la pièce est également une « tentative pour créer une tragédie moderne ».
  • Un texte souvent remanié, car reçu avec curiosité chez ses admirateurs, des critiques très fortes chez ses adversaires. La pièce a gagné en simplicité au fur et à mesure de la réécriture du manuscrit. Elle sera représentée pour la première fois au Théâtre des Mathurins (Paris), en juin 1944, puis à la télévision en 1950 ainsi qu'en 1955.
B. L'histoire du Malentendu
  • Un fait divers, une légende...
    Celle-ci apparaît dans l'Étranger : Meursault découvre un lambeau de journal, dans sa cellule en prison. Il lit le fait divers : « J'ai dû lire cette histoire des milliers de fois. D'un côté, elle était invraisemblable. D'un autre, elle était naturelle. De toute façon, je trouvais que le voyageur l'avait un peu mérité et qu'il ne faut jamais jouer. »
    C'est justement le personnage de Meursault, qui refuse de se soumettre à la comédie sociale, qui formule la morale de la pièce et c'est enfin Maria qui la comrpend : « Oh ! Mon dieu, je savais que cette comédie ne pouvait être que sanglante, que lui et moi serions punis de nous y prêter » (Maria, III 3).
    => Ce mélange, ou plutôt, cette simultanéité du naturel et de l'invraisemblable semble être pertinent pour définir la notion d'ABSURDE.
  • Jan, incarne ce que les autres personnages n'ont pas connu : le bonheur. Mais Jan n'est pas conscient de son bonheur. Il est sans doute puni d'avoir voulu jouer avec ce bonheur vers lequel tous les personnages tendent. Il fait aussi en quelque sorte preuve d'orgueil, comme les personnages tragiques. Il revient et fait un caprice : il veut être reconnu, sans avoir à dire qui il est.
    Or il n'est pas d'abord Jan, aux yeux de sa mère et de sa sœur, mais un riche étranger qui pourrait leur rapporter beaucoup d'argent.
  • Les exilées sont plutôt sa mère et sa sœur, auxquelles les terres pleines de soleil ont toujours été refusées, tandis que Jan revient volontairement dans ce pays pluvieux. Mais le crime horrible qu'elles commettent représente l'obstacle définitif à la vie dont elles rêvent. Il s'agit bien d'un quiproquo au sens d'incommunication où se trouvent les personnages du théâtre de l'absurde.
  • Jan ne comprend pas qu'en refusant la sincérité, il entraîne tout le monde dans la tragédie : il reste « sourd » aux avertissements. C'est ce qui fait de cette pièce une tragédie selon Camus, la tragédie reposant sur l'aveuglement du héros qui n'emploie pas le langage qu'il faut.
  • Cette tragédie moderne plaide pour une « morale de la sincérité », qui permet de s'aider soi-même et les autres (ce que Camus appelle la « révolte »). Jan aurait donc pu éviter le malheur.

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